DEMO13 Gaëlle Scali avec la collaboration de Gabrielle Couillard – Scalabilité

Automne 2021

Le recherche-création « Scalabilité », présentée dans cette DÉMO de Gaëlle Scali [membre étudiante, UQAM], est une exploration conceptuelle audio de paysages mathématiques fractals.

Le projet se décline en une série de musiques vidéo en 9 épisodes qui entrevoit les univers fractals comme des métaphores cosmologiques. Ces univers sont vus à travers le regard computationnel de logiciels (Mandelbulb 3D, Unity) et de machines musicales (Max MSP, Ableton Live, Spat Revolution). Scali, avec la collaboration de Gabrielle Couillard [membre étudiante, UQAM] produit des univers spéculatifs sur lesquels l’oreille peut projeter des fictions soniques. Dans leur recherche, la fractale devient un vecteur de fiction spéculative tournée vers un imaginaire de science-fiction post-psychédélique et post-digitale, ouvertement glitch au sens où le définit Kim Cascone dans son article « The Aesthetics of Failure: « Post-Digital » Tendencies in Contemporary Computer Music» (2000).
scalabilité
Les univers créés s’inspirent du concept métanarratif de sonic fiction (Kodwo Eshun) et des mythes scientifiques dans le contexte de la musique visuelle contemporaine et électronique. Le langage audiovisuel créé se désarçonne de l’attraction gravitationnelle de la narrativité et flirte avec la poésie, les textures mutantes, les mixillogiques et ses glissements vers des métanarratifs plus obscurs. L’écoute réduite selon Pierre Schaeffer, la suspension visuelle selon Hyde, les écrits de Michel Chion sur l’audiovision, ou la phénoménologie de Don Ihde sont des notions d’importance lorsqu’il s’agit d’étudier le son à l’image.

Les musiques vidéo « Scalabilité » sont des stations de recherche d’écriture sonique et spéculative, des mises en sonification d’expériences visuelles à partir de l’improvisation, de la programmation, de la composition musicale et de la performance musicale de type live électronique.

  • Scalabilité à ARS ELECTRONICA (2021)

    Vidéo présentée dans le cadre du Hexagram Garden au festival ARS ELECTRONICA 2021.
    Conception artistique, audio et visuelle : Gaëlle Scali
    Scénographie sonore : Gabrielle Couillard
    Mathématiques et Développement : ATYPIX
    Recherche et Développement : Ludovic Amaru
  • Scalabilité, version binaurale (2021)

    Version audio binaurale. Nous vous recommandons de porter des écouteurs pour une meilleure appréciation de l’écoute.

    Crédits :

    Conception artistique, audio et visuelle : Gaëlle Scali
    Scénographie sonore : Gabrielle Couillard
    Mathématiques et Développement : ATYPIX
    Recherche et Développement : Ludovic Amaru

    Dans cet extrait vidéo, deux composants game objects « fractal Mandelbrot » bougent à l’écran. Les composants sont mixés ensemble par un calcul difference smooth. Chacun des game objects « fractal Mandelbrot » disposent d’une animation Julia, avec un process modifier additional. Unity reçoit en entrée des informations de notes midi envoyées par Ableton Live. La séquence audio qui se joue à l’image est la suite mathématique A137560 extraite de l’encyclopédie en ligne des suites de nombres entiers oeis.org. Unity interprète la séquence de notes entrantes et effectue des actions programmées en temps réelles. Pour toutes les notes C C# D# F# G entrantes, une rotation à 45 degrés sur l’axe des Y s’exécute , pour toutes les notes entrantes D F A, une rotation de 45 degrés sur l’axe des X s’exécute, pour toutes les notes E G# A# B entrantes, Unity active un effet de glow (Changement de couleur) via le script midi note. Le midi control change 12 de mon synthétiseur joue sur la mise en puissance des game objects ‘’fractal Mandelbrot’’ et le midi control change 13 modifie le scale (l’échelle de la fractale) via le script midi control.

Actuellement, cette recherche-création évolue vers des technologies musicales et visuelles temps réelles. Scali et Couillard cherchent à créer une expérience immersive où nous pourrions plonger au coeur d’une fractale à partir d’une expérience en réalité virtuelle. L’idée est de pouvoir interagir en temps réel avec l’objet et d’activer une partition sonique fractale. Elles cherchent également à développer cette sonification dans un parcours sonore spatialisé en temps réel, à partir d’une interface humain, machine, logiciel.

L’interaction graphique, spatiale et sonique se fait entre les logiciels Ableton Live, Max MXP, et Unity à partir de contrôle change midi, de midi note, d’input audio, d’input utilisateur. Elles entrevoient ce travail comme une partition à la fois sonique, graphique, visuelle et cherchent à écrire un cadre d’improvisation pour l’utilisateur qui permettrait à ce dernier d’expérimenter un système.

À partir de cette rencontre, entre le système et son utilisateur, un cadre d’improvisation et d’écriture performative à l’image s’entrouvre. Le projet se concentre sur des écritures interactives musicales basées sur la programmation à partir d’outils théoriques inspirés de la cybernétique et du post-digital, de l’audiovision et de la fiction sonique.

Biographies

Gabrielle COUILLARD : Après un baccalauréat en études théâtrales à l’UQAM, Gabrielle Couillard a exploré l’univers du spectacle vivant autant au son qu’à la production, particulièrement intéressée par la conception d’espaces sonores évocateurs de lieux et de sentiments marquants. Effectuant présentement une maîtrise recherche-création en média expérimental, elle entremêle différentes expériences de création et techniques audio, dont la poésie, le field recording et les transformations sonores en chaîne, pour créer de petits univers sonores abstraits. Elle s’intéresse tout particulièrement aux questions touchant la spatialisation sonore et l’immersivité, autant d’un point de vue technique que créatif. Elle explore la relation entre le corps et l’espace à travers le son, à travers sa propre expérience du corps en situation de handicap. Depuis 2019, elle mêle à sa pratique l’improvisation sonore par télématique, avec entre autres des collaborateurs de Colombie (Festival international de la imagen, 2020 et 2021), de Toronto (série Exit Points, produit par Michael Palumbo) et de Montréal (dont la série live drone avec Kasey Pocius, webdiffusions hebdomadaires ayant duré un an au coeur de la pandémie).

Gaëlle SCALI : Artiste plasticienne et musicienne d’origine française, Gaëlle Scali vit et travaille à Montréal, au Québec. Elle a suivi un post-diplôme en pratique électroacoustique « Arts et créations sonores » à l’École Nationale d’Art (Ensa) de Bourges entre 2018/2019 et une maitrise en art visuel à l’École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier (Esba-Moco) entre 2003/2009. Elle s’intéresse à la musique improvisée, aux pratiques de composition/programmation musicale assistées par ordinateur, à la performance live électronique et à l’histoire des musiques électroniques. Son travail explore la dimension physique et immersive du son au travers de la performance et de la musique improvisée. Également impliquée dans une démarche en art visuel, elle s’intéresse au territoire médiatique de la musique « techno », à sa dimension technique, culturelle, sociale, esthétique et à la médiatisation sonore dans les arts-visuels. Gaëlle fait actuellement une maitrise à UQAM (Université du Québec à Montréal) en recherche-création média-expérimental.

Ludovic AMARU : Passionné d’informatique depuis l’âge de 12 ans, Ludovic Amaru commence à coder en basic sur calculatrice Casio, Texas Instrument, en assembleur sur Hewlett Packard et sur ordinateur Amiga. Sa passion pour l’informatique l’amène à se former en électronique, informatique de gestion et développement et ses affinités le conduisent à s’intéresser à la musique assistée par ordinateur (Amiga Pro Tracker, Cubase, Akai S2000…), au jeu vidéo – il a été responsable du pôle communication de l’association parisienne de gamer Baloku (2008-2010). Ludovic maitrise de nombreux langages de développement parmi lesquels Turbo Pascal (Delphi), Java Script, C #… Il est actuellement développeur chez Apo’G (Paris) et collabore sur divers projets artistiques, voire utilitaires en recherche et développement. Il vit et travaille à Draguignan dans le sud de la France.

Atypix : Militant anarchiste, passionné de fractal et de mathématique depuis tout petit, Atypix obtient un DEA en logique mathématique et fondement de l’informatique à Paris 7 Diderot (2004). Il continue ses recherches sur les liens entre mathématiques, logique et informatique en étudiant le théorème de Christol, pont entre l’algébricité, l’automaticité et la définissabilité logique. Ce grand curieux aime se nourrir des ponts probables ou improbables entre les pratiques scientifiques, la philosophie, l’art et l’histoire. Il est actuellement ingénieur en informatique dans la CFAO (Conception et Fabrication Assistée par Ordinateur) dans la région de Montpellier en France.

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