Avril 2022
IWantmyStuffBack est un protocole performatif ainsi qu’une installation sculpturale et vidéographique réalisée par Antoine Caron [membre étudiant, UQAM] et présentée à La Chaufferie du Pavillon Cœur-des-sciences de l’UQAM du 21 au 27 mars 2022 dans le cadre d’une résidence tenue à Hexagram à l’hiver 2022. En février 2019, un incendie au deuxième étage d’un bâtiment commercial abritant un site d’entreposage locatif force l’éviction d’une communauté d’artistes et d’artisan.es qui louaient clandestinement des espaces d’ateliers aux propriétaires de l’entreprise.
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Résumé | 02.2019 – 03.2022
En février 2020, deux résidences improvisées, tenues dans des unités d’entreposage louées à Dallas et à New York, visaient à rendre compte des conditions matérielles de la production artistique qui prenait place dans ces ateliers avant l’incendie. En mars 2021, suite aux restrictions imposées par les mesures sanitaires liées à la pandémie de COVID-19, l’infrastructure en ligne destinée à la vente aux enchères d’unités « abandonnées » par leurs locataires en défaut de paiement est devenue un champ d’expérimentation des flux économiques qui traversent ces architectures de tôles. Des flux qui circulent en ligne sur plusieurs sites Web où sont vendues ces unités en tant que des lots uniques et où des acheteurs anonymes spéculent activement sur la valeur de revente de leurs contenus. Sur ces interfaces minimalistes, l’unité d’entreposage, après s’être présentée comme un espace d’atelier et de création, devient un espace de diffusion.
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IWantmyStuffBack | 21.03.22 – 27.03.22
IWantmyStuffBack se présente pour Caron comme une occasion de réfléchir aux différentes économies qui traversent simultanément l’unité d’entreposage et la pratique artistique qui en émerge : économie de la dette (Lazzarato, 2011), économie affective (Massumi, 2018) et surtout économie de moyen et politique du faire avec (Brunette et Lemieux, 2021).
Lors de l’exposition, Caron a intégré ces trois visions d’économies transindividuelles (Massumi, 2018), fluides, spéculatives et hautement mobiles au protocole performatif mentionné plus haut. Ce dernier, développé dans les différentes unités-ateliers, consistait à (re)produire des versions simplifiées de mon premier atelier et ensuite d’user des composantes de ces ateliers dans des compositions sculpturales. Les salles de la Chaufferie ont été occupées en tant que des ateliers, dans un rapport fonctionnel similaire.
Lors de l’exposition, des changements dans la disposition des éléments présents étaient documentés par un pamphlet disponible sur place. Ce pamphlet, réimprimé quotidiennement selon les déplacements des objets contenus dans l’installation, permet de retracer les différentes configurations de l’espace de la Chaufferie tel qu’il a pu être expérimenté par les visiteurs durant l’exposition. Il documente aussi, inversement, l’évolution de sa propre relation aux salles de la Chaufferie et aux objets qu’elle contenait.
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Économies
Économie de la dette d’abord parce que c’est, entre autres, l’effet d’une dette accumulée par le locataire d’une unité vis-à-vis de son propriétaire qui permet au contenu d’une unité d’entreposage de se transformer momentanément en objet social. En objet culturel et visuel premièrement diffusé sur le Web lors de l’enchère et dans un deuxième temps dans l’interprétation de ces images lors de l’exposition présentée à la Chaufferie.
Économie affective parce que dépendante des affects distribués dans le corps social, matérialisés dans des commodités qui nous habitent et que nous habitons simultanément. Des affects dividuels, autonomes et toujours seulement temporairement constitués au sein d’un « individu » ou d’une unité. Dans le cas de l’entreposage, au moment de la dépossession, le moment où le contenu de l’unité change de main en fonction d’une clause contractuelle punitive, la nature contingente, relationnelle et donc affective de l’objet entreposé devient perceptible. Le mythe de l’orthodoxie libérale qui veut qu’une propriété soit totalement privée et fondamentalement inaliénable est ici mis à mal par le même cadre législatif supposé le défendre. La propriété y est plutôt présentée comme un état instable, toujours socialement conditionné. Dans l’exposition à la Chaufferie, la commodité, l’objet qui se prêtait au jeu du dispositif, avait donc le potentiel d’affecter directement le rapport cohésif de l’installation en adoptant tous les jours un nouvel état.
Économie de moyen finalement parce que justement le dispositif technique et le cadre conceptuel de l’exposition reposaient toutes deux sur l’économie de moyen qui caractérise autant l’architecture de l’unité d’entreposage aux murs de tôles que le mode d’organisation spatiale que son usage prescrit. On assemble, on agglomère, on verticalise. On fait littéralement avec. Tout le dispositif d’installation reposait sur des processus d’accrochages ou d’assemblages temporaires et réutilisables qui facilitaient le mouvement des objets exposés.
- Documentation
BIOGRAPHIE
Antoine Caron, est un artiste-chercheur qui vit et travaille à Montréal (Tiohtià:ke/Mooniyang), membre-fondateur de l’Atelier La Coulée, il est candidat à la maîtrise en arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Titulaire d’un Baccalauréat en Studio Arts et en histoire de l’art à l’université Concordia, sa pratique sculpturale et en installation est largement influencée par le travail d’artistes conceptuels actifs et actives depuis les années 1960. Son travail, ancré dans des propositions philosophiques matérialistes et politiques radicales, a été présenté à Montréal, à la Fonderie Darling notamment, ainsi que lors d’événements communautaires et à la Nuit des idées 2021. Son travail a été soutenu par le réseau Hexagram et par Médiane | Chaire de recherche du Canada en arts, écotechnologies de pratique et changements climatiques.
Remerciements
Antoine Caron remercier la chaire de recherche Médiane, le réseau Hexagram, l’Atelier La Coulée, la Fondation de l’Université du Québec à Montréal ainsi que la Fondation de l’Université du Québec pour leur soutien dans ce projet. Il remercie sa directrice de recherche Gisèle Trudel, Julien Charron-Forget, Sophie Levasseur, Athanasia Blounas, André Girard et Patrick Veys pour leur aide précieuse.
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