Novembre 2021
Membranes Sensibles, Parcours de trois projets de recherche-création
Dans cette DÉMO, Brice Ammar-Khodja [membre étudiant, Concordia] présente trois projets de recherche-création qui explorent le concept d’écran-membrane à travers différents dispositifs : Breath. am (2019), Fossilation (2021), et Blob Detection (2021). Non seulement connectées à leur environnement et au public mais aussi sensibles à ce dernier, ces œuvres nouent des relations entre la science des matériaux, la physicalisation des données et les études sensorielles, répondant à des problématiques sociopolitiques et environnementales. En examinant différentes matérialités en mouvement (vivantes, organiques, informatiques) liées aux signaux discrets de leur environnement, cette vidéo, présentée dans le cadre du Hexagram Network Garden au festival Ars Electronica 2021, vise à discuter de nouvelles façons d’interconnecter les milieux, les agents humains et plus qu’humains et l’environnement construit.
Les trois projets:
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Breath.am (2019)
Une installation performative de Brice Ammar-Khodja et VH SOUND.Immergé au cœur du restaurant-galerie Dalan Art Gallery à Erevan (Arménie), Breath.am est une installation interactive composée de trois happenings et d’une exposition. Inspirée de la « légendaire hospitalité arménienne », cette installation invite le public à un dialogue improvisé. Alors que les participants boivent, mangent et débattent de l' »art de vivre » arménien, des capteurs électroniques filaires répartis sur la table surveillent et collectent en temps réel les données relatives à la respiration (concentrations d’alcool dans l’air, hauteur de la voix) et aux mouvements (agitation, vibrations). L’environnement semble répondre aux actions de chaque participant : des distorsions lumineuses apparaissent sur la table, différents paysages sonores émergent des membranes acoustiques et les artefacts de la table se déplacent lentement tout au long du repas. Non seulement observatrice mais aussi participante, la table semble vouloir communiquer avec le public et s’immiscer dans le débat, tantôt perturbant, tantôt stimulant la parole.
L’espace d’exposition se transforme en un laboratoire expérimental activé par la fusion du public et des artistes. La performance cherche à collecter, produire et archiver différents aspects de la culture arménienne, dont la transmission perdure à travers une oralité traditionnelle.
Équipe de création et de production- Coordination : Brice Ammar-Khodja
- Conception, production et informatique : Brice Ammar-Khodja
- Conception sonore interactive : VH SOUND
- Musique performative : Alexander Hakobyan et VH SOUND
Remerciements- Breath.am a reçu le soutien de l’Atelier Mondial (CH) et de Kulturdialog Armenien (AR).
- L’installation performative a été exposée à la galerie d’art Dalan dans le cadre de la deuxième Biennale internationale de l’imprimerie d’Erevan 2019.
Crédits photo : Brice Ammar-Khodja
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Fossilation (2021)
Un projet collectif réalisé par Brice Ammar-Khodja, Alexandra Bachmayer [membre étudiante, Concordia], Samuel Bianchini [membre collaborateur, EnsadLab Paris], Marie-Pier Boucher [membre collaboratrice, Université de Toronto], Didier Bouchon, Maria Chekhanovich [membre étudiante, Concordia], Matthew Halpenny [membre étudiant, Université de Montréal], Alice Jarry [membre cochercheuse, Concordia], Raphaëlle Kerbrat, Annie Leuridan, Vanessa Mardirossian [membre étudiante, Concordia], Asa Perlman, Philippe Vandal [membre étudiant, Concordia], Lucile Vareilles.Une membrane de bioplastique flotte au-dessus du sol telle une pellicule. Sa couleur est animée par des lumières fluctuantes et des câbles qui se déploient vers le plafond. Plutôt que d’être le résultat d’une prise de vue, ces motifs résultent d’un lent processus de mise en forme : incrusté dans sa matière, l’empreinte d’un dispositif électronique d’affichage disparaît progressivement, tel le fossile de notre époque. La membrane et ses capteurs sont connectés aux tuyaux du Centre Georges Pompidou, convertissant en électricité les flux du bâtiment. La lumière instable rend compte d’interférences provenant de la captation d’énergies résiduelles et rehausse un écosystème où l’image compose avec l’espace.
Équipe de création et de production
- Coordination: Alice Jarry (Design and Computation Arts, dir. Milieux Speculative Life Biolab), Samuel Bianchini (EnsadLab, dir. Reflective Interaction et Chaire arts et sciences ), Marie-Pier Boucher (iSchool de l’Université de Toronto Missauga.)
- Expérimentation et fabrication de la membrane bioplastique : Alexandra Bachmayer, Maria Chekhanovich, Vanessa Mardirossian avec la collaboration de Brice Ammar-Khodja.
- Captation de l’énergie résiduelle : Brice Ammar-Khodja, Didier Bouchon, Matthew Halpenny, Raphaëlle Kerbrat, Asa Perlman, Philippe Vandal
- Conception des lumières : Annie Leuridan avec la collaboration de Louise Rustan
- Programmation informatique : Didier Bouchon
- Supervision de la production de l’œuvre et de son installation spatiale : Lucile Vareilles
- Soutien technique à la production et/ou au montage : Théo Chauvirey, Corentin Loubet, Joséphine Mas, Simon Paugoy.
Remerciements
Ce projet, qui combine le design, l’art, les sciences technologiques et les études médiatiques, est développé dans le cadre d’une collaboration internationale entre trois équipes de recherche-création (Université Concordia, Montréal ; EnsadLab – le laboratoire de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs – Université PSL ; Université de Toronto Mississauga). Le projet, codirigé par Alice Jarry (Université Concordia), Marie-Pier Boucher (Université de Toronto Mississauga) et Samuel Bianchini (EnsadLab / Reflective Interaction et Chaire en Arts et Sciences), a reçu le soutien du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), la Chaire en Arts et Sciences de l’École polytechnique, l’École des Arts Décoratifs – PSL, la Fondation Daniel et Nina Carasso, Hexagram – réseau international de recherche-création en art, culture et technologie, et l’Institut des Milieux pour l’art, la culture et la technologie de l’Université Concordia. Le projet a été développé pour l’exposition « Matières d’image » dans le cadre du festival Hors Pistes 2021, dont la commissaire est Géraldine Gomez.
Crédits photo : Samuel Bianchini et Brice Ammar-Khodja
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Blob Detection (2021)
Œuvres d’art et expérimentations de Brice Ammar-KhodjaCrédits photo : Brice Ammar-Khodja
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Biographie
Brice Ammar-Khodja est un artiste, designer graphique et doctorant basé à Montréal et à Paris.
Il examine le potentiel « actif » des matières résiduelles urbaines au travers d’une approche basse technologie (low-tech). Examinant les enjeux socio-environnementaux et politiques entre l’immatérialité des informations et leurs représentations sensibles, il s’intéresse au potentiel interactif de la matière pour accroitre les perceptions sensibles des environnements publics. À cet égard, il souhaite renforcer les rapports sensibles entre les citoyens et leurs milieux de vie.
Il poursuit actuellement une thèse codirigée entre l’Université Concordia – Montréal (programme individualisé) et EnsAD, EnsadLab – Paris (groupe de recherche Interaction réflexive, programme SACRe). Il est membre du Speculative Life Research Cluster (Milieux Institute), du Centre for Sensory Studies et de la Chaire d’excellence en recherche du Canada de la Canada Excellence Research Chair in Smart, Sustainable and Resilient Communities and Cities. Brice est membre du réseau international de recherche-création Hexagram.
Co-directeur de la revue de typographie Pied de Mouche, Brice Ammar-Khodja, crée des ateliers et des outils pédagogiques pour le grand public.
Son travail a été exposé à Ars Electronica, MUTEK, Centre Pompidou, Biennale internationale du Design, la Cité internationale des Arts, V2_Institut des médias instables, Musée historique de la Ville de Strasbourg.
Cette publication est également disponible en : English (Anglais)