Trois silouhettes regarde une projection vidéo numérique

MUTEK : plusieurs expériences électrisantes pour vivre la recherche-création

Chaque été, les lieux phares de la culture électronique résonnent sous l’emblème de MUTEK : un festival majeur d’expériences sonores et visuelles. Au-delà de la danse et la musique qui inondent des salles du Quartier des spectacles, MUTEK offre une vaste programmation dédiée aux professionnelles et au milieu académique.

Petite introduction à ces espaces où la recherche et la connaissance expérientielle se croisent.

Photo : Inflorescences, Sabrina Ratté (2024). ©︎ Remi Hermoso.
Source : Village Numérique

Village Numérique : parcours numérique au cœur de la ville

Après une édition inaugurale qui a connu un succès retentissant, le Village Numérique réinvestit Montréal du 14 au 28 août 2025, de 18 h à 23 h

Les lieux emblématiques et certains lieux inusités du Quartier des spectacles se transforment. Le Cœur des sciences de l’UQAM s’anime d’installations interactives. Le parcours nocturne tisse des liens puissants entre technologie, ville et créativité, invitant le public à porter un regard nouveau sur Montréal.

À l’angle du boulevard de Maisonneuve et de la rue Saint-Urbain, Espace public, espace latentune installation immersive de Victor Drouin-Trempe [étudiant, UQAM] et Danny Perreault [cochercheur, UQAM] — se révélera à vous.

L’œuvre, coproduite avec MUTEK, marie intelligence artificielle et création audiovisuelle dans un environnement sculptural inédit : un écran cubique multidimensionnel.

Enveloppée d’un dispositif sonore immersif à huit haut-parleurs, elle invite le public à pénétrer un espace sensible où image, son et algorithmes dialoguent en temps réel.

Hexagram au Village Numérique : trois artistes, trois regards sur le monde contemporain

Au même moment, la Chaufferie du Cœur des sciences de l’UQAM accueillera l’exposition Territoires intimes : Réappropriation par la recherche-création présentée par le Réseau Hexagram dans le cadre de la programmation du Village Numérique. Accessible tous les soirs de 18 h à 23 h, l’exposition mettra en lumière le travail de trois artistes féminines dont les œuvres interrogent les rapports entre corps, environnement, mémoire et technologie.

Une écologie de la vapeur et de l’invisible

L’installation ChamberS de Jihen Ben Chikha [étudiante, UQAM] prend la forme d’un écosystème instable, composé de tubes en vinyle, de cylindres de verre, de pompes, de liquides et de composants électroniques.

ChamberS explore la vapeur comme phénomène physique et comme vecteur de réflexion sur les infrastructures invisibles qui nous entourent.

En mettant en circulation des éléments fluides et sensibles, l’artiste interroge les relations entre humains et non-humains, dans une perspective à la fois écologique et spéculative.

ChamberS, vue d’installation

Le plaisir féminin comme terrain de jeu vidéoludique

Avec CLTRS, Laureline Chiapello [cochercheuse, UQAC-NAD] propose un jeu vidéo artistique centré sur l’exploration du clitoris. L’œuvre prend la forme d’un art game dans lequel l’avatar évolue à travers un décor baroque, activant des éléments du paysage corporel au fil de ses déplacements.

Le jeu invite à une découverte sensorielle et non linéaire du plaisir féminin, en s’appuyant sur une esthétique immersive et une mécanique ludique.

CLTRS interroge les normes culturelles et les tabous liés au corps, en utilisant le médium vidéoludique comme outil de réflexion et d’émancipation.

Image fixe du jeu CLTRS

Suivre son soleil

L’œuvre de Sabina Gámez [étudiante, Concordia] s’articule autour de la lumière solaire, captée à travers des solarigraphes, des vidéos et des cartes. L’installation met en scène quatre directions cardinales, associées à des saisons et à des fragments de lumière, invitant le public à une déambulation introspective.

Por si acaso se acaba el mundo todo el sol he de aprovechar (Au cas où le monde finirait, je dois profiter de tout le soleil) traduit une quête personnelle de réappropriation du soleil comme repère identitaire, temporel et spirituel. Originaire de Colombie, l’artiste évoque le contraste entre la chaleur constante de son pays natal et les longues périodes de froid et d’obscurité vécues au Canada. Ainsi, elle interroge les hiérarchies culturelles et géographiques, tout en proposant une nouvelle manière de se situer dans le monde à travers la lumière.

Por si acaso se acaba el mundo todo el sol he de aprovechar, vue d’installation

Rendez-vous avec les artistes

Une présentation publique sous la thématique Rituels radicaux au féminin, gratuite et ouverte à tous.tes est également prévue le samedi 23 août, de 15 h à 17 h, à l’Agora du Cœur des sciences. Chaque artiste y présentera son œuvre et son processus de recherche-création, suivie d’un panel de discussion.

MUTEK Forum : Rituels radicaux et autres alchimies

Sous le thème des « Rituels radicaux », le MUTEK Forum propose une réflexion critique sur les bouleversements sociétaux et technologiques actuels, à travers une série de conférences, de performances et d’ateliers.

Du 20 au 22 août, ce rendez-vous professionnel rassemble de nombreux chercheurs et chercheuses issues des établissements partenaires dans un espace de dialogue autour de l’intelligence artificielle, de l’industrie musicale, des arts médiatiques, du jeu vidéo, de l’art quantique, de l’écologie, et bien plus encore. Les personnes étudiantes peuvent aussi en profiter grâce à des forfaits à prix réduit conçus spécialement pour elles afin de faciliter leur accès à cet espace de réseautage et de valorisation professionnelle.

Réimaginer l’intelligence artificielle par la recherche étudiante

Le 21 août, en après-midi au Monument-National, le groupe de recherche Machine Agencies présentera Machinic Encounters (Rencontres algorithmiques), une exposition étudiante qui remet en question les approches utilitaristes de l’IA. Sous la direction de Ceyda Yolgörmez [étudiante, Concordia], la deuxième cohorte du GenAI Studio dévoilera les résultats de sa résidence de quatre mois, axée sur le potentiel poétique de la collaboration humain-machine. Cette activité est soutenue par l’Institut Milieux, l’Applied AI Institute et le Réseau Hexagram.

Rituels numériques et magies des données

Enfin, le groupe Abundant Intelligences dirigé par Jason Lewis [cochercheur, Concordia], proposera Computational Witchcraft Sleepover, un rituel queer-féministe mêlant jeux, autels numériques, magie des données et narration collective. Cet atelier ludique invite à explorer des formes alternatives d’intimité et de connexion machinique — entre humains, algorithmes et forces invisibles.

Hexagram : catalyseur de recherche-création au cœur de MUTEK

Cette édition de MUTEK témoigne de la richesse des contributions issues du réseau Hexagram, dont les membres — artistes, étudiant·es, chercheur·euses — jouent un rôle central dans le dialogue entre création et recherche. Leurs projets incarnent des formes audacieuses d’expérimentation, révélant le potentiel critique, poétique et collectif des technologies contemporaines.

Publié le mardi 29 juillet 2025

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