Mars 2023

Le projet intitulé L’architecture des souvenirs, créé par Mathieu DeBlois [membre étudiant, NAD-UQAC] en collaboration avec Philippe Lefrançois-Racz et Romain Salha, a été présenté à deux reprises : une première fois au dôme de la SAT le 16 mai 2022, puis à ‘la Chaufferie du 1er au 6 juillet 2022. Ce projet s’inscrit dans la continuité de la recherche-création de Mathieu, initiée en octobre 2021 sous la direction du professeur Yan Breuleux [membre cochercheur, NAD-UQAC] à la maîtrise en art et design numérique (NAD-UQAC).

L’expérience immersive L’architecture des souvenirs propose un voyage au sein d’espaces virtuels qui réinterprètent des moments de vie réels, transformant ainsi la réalité en une exploration artistique de la mémoire. Les souvenirs composés d’espaces, de personnes et d’objets du quotidien sont mis en volume à l’aide de différents processus de captation volumétrique, pour ensuite être assemblés sous forme d’archives volumétriques au sein du moteur de jeu Unity. En se référant aux notions d’«atopie» (Roland Barthes, 1995) et de «dérive» (Guy Debord, 1956), Mathieu DeBlois se questionne sur la notion d’espace virtuel en tant qu’espace potentiel, où la réalité et l’imagination se fondent pour créer une nouvelle expérience sensorielle. 

Le projet a fait appel à diverses techniques de captation tridimensionnelle, notamment l’utilisation du capteur LiDAR intégré aux plus récents iPhones. Cette technique est particulièrement pertinente pour les recherches menées dans le cadre du projet, car elle permet de capturer un volume sur le vif ou de manière spontanée. 

Une autre méthode utilisée dans le projet consiste à utiliser des images satellites de Google Maps pour ensuite se les réapproprier géométriquement. Plus précisément, cette technique implique l’utilisation de l’outil « Maps Model Importer » développé par Elie Michel, qui permet de saisir le volume de n’importe quel endroit repéré à travers la vue Satellite dans Google Maps. Pour ce projet, j’ai choisi de saisir des emplacements à grande échelle que je n’aurais pas pu capturer autrement, comme la Serranía de Hornocal, située dans la province de Jujuy en Argentine, que j’ai visitée en 2017.

L’installation à la Chaufferie de l’UQAM comprenait une projection interactive sur une toile ronde ainsi qu’une version en réalité virtuelle de l’expérience. La collaboration entre Mathieu et Philippe était essentielle à l’installation, grâce à la composition sonore originale de Philippe Lefrançois-Racz, qui incorporait des fragments audio enregistrés par Mathieu lors de la captation 3D des lieux pour créer des mélodies émouvantes. Les algorithmes programmés sur Max/MSP par Philippe ont permis une spatialisation de la musique, tandis que les méthodes de recherche émotionnelle et narrative ont aidé à créer une symbiose entre la musique et les visuels. Pour immerger les spectateurs dans l’expérience sonore, Philippe a adapté sa pièce pour une installation sonore 6.2, avec les haut-parleurs disposés autour de la zone de visualisation de la projection.

Au niveau de l’interactivité, le programmeur Romain Salha a contribué à la création de scripts dans Unity afin de permettre la manipulation de certaines composantes audiovisuelles en temps réel. Au sein de l’expérience, un performeur désigné ou une personne du public invitée pouvait contrôler la direction de la caméra avec sa main gauche, tandis que les mouvements de sa main droite modulaient le son (osc) et les flux de particules des formes géométriques.

L’œuvre incorpore également des éléments de glitch pour refléter la complexité de la réalité. En intégrant ces éléments, l’œuvre reconnaît que la réalité peut être altérée avec le temps, que les souvenirs et les émotions associés à des espaces peuvent être imprévus et inattendus.

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