Septembre 2023
L’installation audiovisuelle « Les cycles solastalgiques », s’inscrit dans une démarche contemporaine visant à illustrer le parcours intime de l’artiste dans sa quête d’une relation renouée avec la nature et le Vivant. Cette expérience esthétique transcende la simple représentation visuelle pour engager l’Autre dans une introspection profonde sur la transformation des paysages intérieurs. Ce projet s’inscrit dans la continuité de la recherche-création de Catherine D’Amours [membre étudiante, NAD-UQAC], débutée à l’automne 2022 sous la direction des professeurs Yan Breuleux [membre cochercheur, NAD-UQAC] et Louis-Philippe Rondeau [membre cochercheur, NAD-UQAC].
Ces cycles solastalgiques font référence à la « solastalgie », un concept introduit et problématisé par Glenn Albrecht qui pourrait être défini comme un sentiment de « nostalgie et de détresse face à un environnement qui a accusé plusieurs bouleversements » (Glenn Albrecht, 2019). Dans une quête méthodologique visant à retracer et à analyser les interactions entre les paysages intérieurs et extérieurs, l’artiste adopte une démarche rigoureuse de déambulation et de documentation. Cette démarche consiste en l’archivage quotidienne des parcours par des moyens photographiques, vidéographiques et audio. S’inscrivant dans le sillage théorique de l’ « identité environnementale » (Clayton & Opotow, 2003), l’artiste cherche à établir un rapprochement systématique avec le monde du Vivant.
Le projet consiste d’abord en la réalisation de captations vidéo et audio de marches. Ces enregistrements sont par la suite traités grâce à des techniques d’apprentissage automatique, dans le but d’explorer la représentation visuelle du sentiment de solastalgie et ses qualités esthétiques. Par le mouvement et la lenteur, Catherine cherche à partager sa nostalgie face à son environnement transformé. Bien que l’emploi de cette technologie ait enrichi son lexique artistique, il constitue aussi un commentaire critique : ces mêmes outils technologiques peuvent être les instigateurs de bouleversements environnementaux.
Un élément central du travail de Catherine est la captation sonore. Elle a constitué des archives sonores, intégrant des bruits de pas, des chants d’oiseaux et des vibrations urbaines, qui visent à documenter son processus de reconnexion au monde biotique. Dans cette démarche, elle a collaboré avec Jean-Marc Poirier, artiste sonore, pour élaborer des mélodies qui reflètent sa transformation identitaire liée à l’environnement. Des boucles sonores issues de cette collaboration ont été incorporées à son installation.
Issue de sa résidence de recherche-création dans la salle d’expérimentation d’Hexagram et de son projet de fin d’études, l’installation est le premier prototype de l’expérience esthétique que Catherine souhaite pousser plus loin et partager. La structure métallique symbolise sa maison bâtie, qu’elle a quittée pour se rapprocher de sa véritable maison : le monde naturel. La soie imprimée évoque la délicatesse et la beauté intrinsèque du monde naturel, tandis que les paysages recomposés suggèrent une intervention humaine. Ce choix de matériaux et d’impressions révèle une réflexion sur la manière dont l’humain perçoit, modifie et s’intègre finalement dans le paysage naturel. Des poèmes, dispersés au sol, guident les pas des visiteurs, les invitant à marcher au rythme des empreintes sonores de l’artiste, audibles dans l’espace.
Biographie
Catherine D’Amours est artiste multidisciplinaire et nouvellement professeure-chercheure à l’École de design de l’UQAM. Elle s’intéresse surtout à la relation entre l’humain.e et son environnement en mutation et l’évolution des ensembles complexes de facteurs et de valeurs qui construisent l’identité environnementale. À travers l’exploration de différentes technologies, elle aborde les concepts de la solastalgie, de l’écosphère et des émotions positives de la Terre dans le but de créer des expériences esthétiques qui dialoguent avec l’Autre. Récemment, elle a commencé à étudier le concept de biomimétisme et à examiner son impact potentiel sur les projets en design.
Crédits
- Direction de recherche : Yan Breuleux et Louis-Philippe Rondeau (NAD-UQAC)
- Composition sonore : Jean-Marc Poirier
- Soutien technique : Victor Brayant
- Photos : Léa Martin, Catherine D’Amours
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