DEMO20 Camille Courier – Dessin : Ombres de gestes

Mai 2022

Poursuivant l’œuvre participative Ombres d’exil, Montréal (2019-2021) qui décrivait les relations tissées par certaines exilées entre leur expérience de dessiner et l’invisibilisation socio-politique souvent vécue par elles, cette DÉMO de Camille Courier [membre étudiante, UQAM] explore et cartographie la résonance de son geste avec le dessin archéologique, en croisant captation de mouvement numérique et dessin traditionnel en grand format.

Camille Courier, Ombre d’exil, Maquette d’exposition.

Cette résidence de recherche-création mobilise d’abord le dessin, mais aussi l’imagerie scientifique et des artefacts archéologiques, débutant ainsi une série de dessins en mouvement intitulée ArcheoMocap. Il s’agit de tracer les recouvrements et la sismicité des mouvements de dessiner et de fouiller ; de comprendre les forces esthétiques, poïétiques et sociopolitiques présentes dans l’histoire des lignes (Ingold, 2011) et des nuages de points ainsi produits. Que ces lignes soient de fuite ou de devenir (Deleuze, 1980 ; Deligny, 2007), le but est de saisir si, et comment, certains gestes de dessiner, de modeler, de creuser modulent nos manières de créer du dessin en mouvement. Cette résidence de recherche-création est l’occasion d’une collaboration interdisciplinaire avec l’anthropologue et artiste visuelle Francine Saillant et mobilise des modes opératoires et gestes de dessiner propres à le recherche archéologique.

Ce projet s’inscrit dans la dernière partie du cursus doctoral en recherche-création de Courier et s’appuie d’abord sur l’émergence du transagir, concept issu de sa thèse-création. Son terreau de recherche se situe dans le champ du « dessin élargi ». Sa pratique du dessin s’est déployée par hybridation de gestes de dessiner issus du champ des arts visuels et de gestes de dessiner inventés et pratiqués pour la scène, du fait d’une pratique professionnelle assidue en dessin archéologique, puis dans le champ des arts vivants. Gisèle Trudel (Artiste, Professeure à l’École des arts visuels et médiatiques, UQAM) et Marie-Christine Lesage (Professeure à l’École Supérieure de Théâtre, UQAM) ont co-dirigé sa thèse en recherche-création.

La phase actuelle, intitulée Dessin : ombres de gestes prolonge une phase précédente de sa recherche-création portant sur les résonances surgies à l’occasion du partage de ma pratique du dessin avec des personnes secouées par les mouvements migratoires actuels, en particulier ceux liés aux conséquences des changements climatiques. Les enjeux artistiques et politiques de ces parcours d’exil, tels qu’ils peuvent être performés dans certaines situations de dessin, mobilisant des données cartographiques et démographiques, constituaient le premier point de départ de cette recherche-création.

Camille Courier, Geste_dessin, 2019, dessin d’après mocap avec MVN Sens et animé avec Unity. 

Une deuxième phase est issue de sa rencontre avec ce que recèle la diversité des recours au dessin selon les contextes de recherche. Que le milieu soit envisagé selon un angle artistique, scientifique, politique, il s’agit de s’engager avec le dessin en tant qu’opérateur de recherche. Réfléchissant à nos relations au sol, dans les modes opératoires archéologiques en dessin. La recherche-création Archéopoétique 1, initiée par l’anthropologue et artiste Francine Saillant (Centre Cultures, Arts, sociétés, ULaval) à l’occasion d’une résidence dans un laboratoire d’archéologues, qui a donné lieu à une exposition créée dans le Musée archéologique de l’Ilôt des Palais, à Québec (été 2021). Cette installation, créée collectivement à partir de la plateforme proposée par Saillant, a pointé des pistes d’exploration dans le domaine du dessin en mouvement. Ce sont ces émergences que Courier a exploré durant cette résidence. Juliette Lusven, membre étudiante d’Hexagram, a également collaboré au développement de cette résidence et exposition-démo Dessin : Ombres de gestes.

BIOGRAPHIES

Camille Courier : Depuis 2003, Courier développe une démarche en dessin élargi, créé en grand format et in situ, mobilisant médiums numériques et traditionnels au service de projets artistiques pour des espaces publics. Ses œuvres connectent actions artistique et politique. Elles hybrident le champ des arts visuels et médiatiques avec des méthodes issues des arts vivants et des qualités du dessin telles que mobilisées dans la recherche scientifique. Elle a exposé ses environnements dessinés en Europe et au Canada, et a reçu plusieurs prix et bourses. Camille est aussi enseignante-chercheure, depuis le début de son cursus doctoral sur les relations entre gestes de dessiner, parcours d’exil actuels et émergences micropolitiques. Elle est professeure d’arts visuels de la Ville de Paris et chargée de cours à la Faculté des arts de lʼUQÀM. Ses recherches ont été présentées dans le cadre de colloques internationaux, et elle a publié plusieurs articles sur ce geste de dessiner transdisciplinaire.

Camille participe à la Chaire de recherche du Canada Médiane en arts, écotechnologies de pratique et changements climatiques créée par Gisèle Trudel. Elle est également membre du groupe de recherche Pratiques interdisciplinaires et scènes contemporaines (Marie-Christine Lesage). Depuis 2015, elle est membre étudiante du Réseau de recherche-création en arts, cultures et technologies Hexagram.

Francine Saillant est anthropologue et artiste pluridisciplinaire. Professeure d’anthropologie à l’université Laval, elle développe depuis une dizaine d’années une pratique croisant installation, écriture et vidéo. Elle est réalisatrice de films d’art (Créateurs de liens [2019]; Apparaître [2021], avec F.- H. Levy), a exposé en collectif et en solo et s’est récemment tournée vers l’installation (Bienveillantes, 2019; Archéopoétique, 2021). Sa réflexion théorique propose une articulation entre art et anthropologie.

Dessin : C. Courier, Crédit photo : A. Martin.

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