Modérateur/Répondant :
Matthew Halpenny [membre étudiant, UdeM]
Le collectif curatorial Traveling Plant (Europe) rencontrera le Critical Gardening Collective (Montréal) pour croiser les enjeux et les milieux qu’ils activent, l’un situant le concept et la matérialité du végétal dans des mouvements de voyage, d’exposition et de communauté; l’autre associant mousses bipolaires, sculptures cybernétiques et piles bactériennes pour créer des jardins sympoïétiques en diverses localités.
Pour introduire ce nouveau volet de la série LASER Hexagram, Nina Czegledy, Gisèle Trudel et Chantal T Paris feront brièvement part de leur analyse quanti-qualitative des dix éditions antérieures.
La table ronde sera initiée par de courtes présentations par les émissaires des deux collectifs positionnant leur projet respectif. Suivra une discussion dynamique les engageant avec les publics en lien avec les questions soulevées par leurs recherches et de créations distribuées, faisant proliférer une nature aux multiples espèces, espaces, technologies et temporalités.
Annick Bureaud
The Traveling Plant a émergé lors du premier confinement lié à la pandémie de SRAS-COV2 en tant que projet curatorial collectif distribué. Fondé par Annick Bureaud, Tatiana Kourochkina, Marta de Menezes, Claudia Schnugg et Robertina Šebjanič, c’est l’une des nombreuses réponses aux questions que nous nous sommes tous posés : comment organiser des expositions quand on ne peut plus voyager, est-il souhaitable de continuer à voyager quand on le pourra à nouveau, comment faire vivre une communauté mondiale et des échanges sans se dissoudre dans des plateformes en ligne ou devenir centré sur le local ?
On dit que les plantes ne voyagent pas. Mais nous savons que ce n’est pas vrai. À l’heure où le Végétal devient de plus en plus présent à notre conscience et à notre compréhension de la planète et de l’environnement, l’analogie, la métaphore et l’accent mis sur une plante qui parcourrait le monde et rencontrerait toutes sortes d’œuvres d’art, d’artistes et de personnes est apparue comme une évidence.
Nous présenterons les idées qui sous-tendent le projet curatorial ainsi que l’exposition Cruel of Tucuman de Paula Bruna organisée par Tatiana Kourochkina à Barcelone en 2021 pour la Plante, une œuvre sur une plante qui n’aurait pas dû voyager…
Projet bénéficiant du soutien de Leonardo/Olats, Quo Artis, Cultivamos Cultura et Sektor.
Critical Gardening Collective
Le projet de recherche-création de notre collectif (Thierry Bardini, Beatriz Herrera, François-Joseph Lapointe et Matthew Halpenny) consiste à faire un jardin de mousses (ou bryophytes) bipolaires (i.e. qui existent dans les deux régions circumpolaires du globe) dans lequel seront placées des sculptures cybernétiques (ou cybryontes) servant de medium aux mousses en leur prodiguant des soins et en leur servant d’interface de communication. Nous effectuerons deux résidences dans une station de recherche en biologie (à Kilpisjärvi en Laponie finlandaise et au Parque Etnobótanico Omora en Patagonie chilienne) où nous identifierons, observerons et récolterons des échantillons de bryophytes bipolaires, et laisserons sur place un prototype de cybryonte émetteur, qui transmettra des données climatiques et écologiques. La production du jardin commencera en 2023; il s’agira alors de placer au Jardin Botanique de Montréal nos cultures de bryophytes provenant de nos deux ensembles d’échantillons ainsi qu’un prototype de cybryonte récepteur connecté aux deux prototypes laissés sur le terrain. Recherche-création collaborative entre un sociologue qui est aussi agronome, trois artistes intermédiatiques, et un biologiste qui est aussi artiste, ce projet vise à produire une esthétique spécifique à travers une forme pratique d’engagement théorique; il alliera réflexion critique et pratique matérielle, dans le jardinage critique.
Projet bénéficiant du soutien du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), du Fond de Recherche de Québec – Société et Culture (FRQSC), d’Espace pour la vie Montréal, de l’Universidad de Magallanes et de SOLU | Bioart Society.
BIOGRAPHIES
Annick Bureaud est critique d’art et commissaire indépendante dans le domaine de l’art et des technosciences. Elle est la directrice de Leonardo/Olats. Elle est la co-fondatrice avec Tatiana Kourochkina, Marta de Menezes, Claudia Schnugg et Robertina Šebjanič du projet The Traveling Plant. www.annickbureaud.net – thetravelingplant.net/ - www.olats.org
Beatriz Herrera est artiste intermédia d’origine chilienne basée à Montréal. Céramiste de formation, sa pratique est aujourd’hui centrée sur les croisements entre jardins, machines, beauté esthétique et céramique. Elle est titulaire d’un baccalauréat en beaux-arts (Intermedia & Cyberarts 2010) et d’une maîtrise en beaux-arts (Sculpture 2013) de l’Université Concordia. Elle a présenté diverses expositions individuelles et collectives, notamment à PRIM (2009), à Interaccess de Toronto (2009), à la galerie Eastern Bloc (2015), à Daïmon (2015), à Admare (2015) et à La salle de diffusion de Parc-Extension 2018 et Maison de la Culture de Notre-Dame-de-Grâce (2020). beatrizherrera.ca
François-Joseph Lapointe est professeur titulaire au Département des sciences biologiques de l’Université de Montréal et membre d’Hexagram. Dans ses recherches scientifiques, il s’intéresse principalement à l’analyse phylogénétique et à l’application de la génétique des populations à des fins de conservation de la biodiversité. En 2012, il obtient un doctorat en Étude et pratique des arts (UQAM) et crée un nouveau champ de recherche, la choréogénétique, en transposant les processus stochastiques de la génétique à des fins chorégraphiques. Il est l’auteur de 120 publications scientifiques et de plus de 270 conférences et 75 séminaires de recherche sur invitation. Il a participé à une quinzaine d’expositions artistiques internationales. En 1990, le Gouverneur général du Canada lui a décerné la Médaille d’or académique pour ses travaux de doctorat. www.fjlapointe.com
Matthew Halpenny est artiste interdisciplinaire de Montréal travaillant entre les milieux de la biologie, de la société et de la technologie. Le travail cherche à perturber les frontières conventionnelles autour de la vie, de l’évolution, du corps, de la conscience et de l’expression humaine. De telles idées sont explorées à travers l’utilisation du corps humain comme instrument performatif, des organismes artificiels, de la sculpture technologique-biologique et des performances cognitives en réseau. Le travail s’inspire de la théorie des systèmes, de la cognition incarnée, de la théorie des sens, du comportement émergent, de l’être multi-espèces et des écologies médiatiques. Iels étaient auparavant membres de recherche à l’Institut Milieux – Vie spéculative, où iels ont travaillé au sein des pôles de recherche Vie spéculative et Matérialité critique. Iels sont membre étudiant d’Hexagram par l’intermédiaire de l’Université de Montréal. Les recherches portant sur les relations entre les systèmes technologiques et biologiques ont été publiées par ISEA. Médiums : piles à combustible microbiennes, moisissure visqueuse, capteurs électroniques et biologiques. matthewhalpenny.net
Cette série est présentée avec le soutien d’Hexagram et financée par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC).
LASER (Leonardo Art Science Evening Rendezvous) est le programme international de rencontres de Leonardo/ISAST réunissant artistes et scientifiques pour des présentations informelles et des conversations avec les publics. La mission des LASER est d’encourager la contribution à l’environnement culturel d’une région en favorisant le dialogue interdisciplinaire et les opportunités de développement communautaire dans plus de quarante villes à travers le monde. Pour en savoir plus à propos des LASER et pour assister à un près de chez vous, veuillez consulter le site Web et @lasertalks.
Image : Traveling Plant Collective : Paula Bruna, Cruel of Tucuman, Barcelona 2021, Quo Artis. Avec l’aimable autorisation de Claudia P. Machuca Santibáñez.
