LASER 10 La lenteur

Image: Andrée Martin, L-Libération. (2020). With Alice Bourgasser, Élisabeth-Anne Dorléans, Ariane Dubé-Lavigne (creator-performers) at the LAVI (Living Arts and Interdisciplinarity Laboratory). Photo : Andrée Martin.

LASER 10 Hexagram Montreal
Coresponsables Nina Czegledy and Gisèle Trudel

Mardi 23 mars, 12 h 30 – 14 h 00
Tiohtià:ke | Montréal
Visioconférence gratuite via la chaîne YouTube de Hexagram

En français

Avec (en ordre de présentation)
Andrée Martin (chorégraphe et professeure, Département de danse, UQAM, membre chercheure Hexagram)
Armando Menicacci (chercheur indépendant et membre collaborateur Hexagram)
Alfonso Santarpia (psychologue d’approche humaniste et professeur, Département de psychologie, Université de Sherbrooke)
Bruno Pucella (concepteur sonore et artiste indépendant)

La lenteur en tant que rapport renouvelé à la temporalité, comme mode opératoire de création. La lenteur comme philosophie d’action, modalité perceptive et façon de résister à ce qui nous aspire un peu plus chaque jour. Une invitation à voir et à vivre l’œuvre autrement, à s’attarder sur l’expérience et sa valeur transformative. Il s’agira de penser et de discuter le thème à partir d’un même objet, soit les processus de création et de recherche des œuvres K-Kalos, eîdos, skopeîn (2019) et L-Libération (2020) qui sont comme les deux faces d’une même pièce. Deux œuvres dont le moteur et le point focal de création et de recherche a été la lenteur sous toutes ses formes et ses aspects.

L’activité prendra la forme d’une présentation multimodale, incluant des extraits vidéos de chacune des œuvres, l’explicitation des stratégies de création – d’un point de vue artistique, philosophique et technologique – et l’analyse de la réception du spectateur à travers la lorgnette de la psychologie humaniste. Un sujet, deux objets, pour une pluralité de regards sur ce prisme que constitue la lenteur dans les arts vivants.

Présenté avec le soutien d’Hexagram, financé par le programme des regroupements stratégiques du Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC).

Les LASER Leonardo / ISAST sont un programme de rassemblements internationaux qui rassemblent des artistes, des scientifiques, des humanistes et des technologues pour des présentations informelles, des performances et des conversations avec le grand public. La mission des LASER est d’encourager la contribution à l’environnement culturel d’une région en favorisant le dialogue interdisciplinaire et les opportunités de développement communautaire dans plus de 40 villes à travers le monde. Pour en savoir plus sur les LASER et pour en visiter un près de chez vous, veuillez consulter notre site Web. @lasertalks

Résumés

La lenteur comme moteur de création
Andrée Martin
Ce n’est pas moi qui suis venue à la lenteur. C’est plutôt la lenteur qui est venue, s’est imposée à moi. Mon équipe et moi cherchions une manière, par la présence corporelle, par le mouvement et la danse, d’apporter un surplus de mieux être aux spectateurs, à contribuer à ce que nous avons nommé « leur équilibre homéostatique ». Nous avons très vite compris que, pour y parvenir, nous devions trouver une manière de ralentir la cadence, de ralentir le temps de la création et dans la performance, pour éventuellement ralentir le temps dans le corps de ceux qui nous regardait. Donner et prendre le temps sont vite devenu la clef de voute des deux créations (nommées plus haut) de notre recherche-création.

Lenteur et processus de création
Bruno Pucella
L’expérience de la lenteur dans la création de la bande sonore pour les deux pièces immersives d’Andrée Martin m’a donné une grande liberté créatrice où il m’a été possible de prendre le temps d’essayer, de tester et même d’éprouver les idées sonores.

La lenteur m’a guidé dans la recherche d’un état contemplatif, structurant l’arc narratif de la bande sonore. Ainsi, le lent mouvement sonore des deux pièces plonge le spectateur dans un univers immersif où les sons de la nature se transforme presqu’imperceptiblement en sons musicaux. Ce rythme de travail, et cette grande marge de manœuvre artistique qui en a découlée, étaient unique dans mon rapport au temps dans la création, en comparaison avec ma pratique au cinéma et à la télévision.

Les effets de la lenteur sur l’expérience de la présence chez les spectateurs et chez les interprètes
Alfonso Santarpia
Cette présentation vise à mieux comprendre les effets psychologiques de la lenteur sur l’expérience complexe de la présence (sentiments, idées, émotions, anxiété) de l’œuvre immersive et interdisciplinaire nommée Kalos, eîdos, skopeîn (2019) d’Andrée Martin. Plus précisément, je présenterai les données quantitatives et qualitatives de l’expérience de présence des spectateurs et des interprètes. Ainsi, la lenteur expérimentée dans la danse semble mobiliser une expérience de soi en présence, riche d’éléments symboliques, spirituels et émotionnels.

À titre de conclusion
Armando Menicacci
En conclusion, je vais mettre en résonance les différentes approches, discours et méthodes que les chercheurs ont déployés autour du thème de la lenteur, au sein du premier projet (2019) que nous avons produit au sein du laboratoire LAVI. Notre laboratoire, en effet, a été pensé dès le départ à la fois comme un projet d’architecture physique et d’architecture des médias, autant que cadre épistémologique de croisements de champs disciplinaires. Je propose de présenter notre manière rhizomatique de faire de la recherche-création sous un modèle à fois concentrique et excentrique. Pour terminer, je vais présenter la manière dont nous travaillons, en ce moment, à la création d’une prochaine plateforme numérique web, dans laquelle on trouvera de multiples travaux de réflexion nés autour des deux œuvres K-Kalos, eîdos, skopeîn (2019) et L-Libération (2020). La plateforme se veut un prototype transversal de croisement collaboratif, horizontal, non hiérarchisé et non inféodé au système traditionnel de production et publication des savoirs scientifiques. Cette plateforme se veut aussi un exemple de ce qu’on appelle en historiographie contemporaine : “le partage d’autorité” (M. Frisch, 1990), à travers la création d’outils technologiques du type « Humanités numériques 2.0” (Y. Citton, 2014) dans lequel, au sein des outils proposés, les voix, les postures et les regards qui s’y trouveront seront mis les unes au regard des autres illuminant les œuvres de multiples manières.

Biographies

Artiste et chercheure inter, multi, post et trans disciplinaire, Andrée Martin travaille depuis plus de vingt-cinq ans sur la question plurielle du corps et de ses corporéités. Cofondatrice du Laboratoire Arts Vivants et Interdisciplinarité (LAVI, financé par la Fondation canadienne de l’innovation – FCI), elle dirige actuellement un projet d’envergure sur le lien entre l’immersion, les arts vivants et l’équilibre homéostatique. Elle a créé pendant douze ans un Abécédaire du corps dansant, composé d’une suite d’essais littéraires et scéniques sur le corps dansant, dont quatorze lettres/œuvres ont été présentées dans le monde (Canada, Mexique, Chili, Belgique, Espagne, France, Brésil et Inde). Scénariste et réalisatrice, récipiendaire du Core Funding, Mme Martin a signé Le pouvoir du son (2018), Danser Perreault (2003) et Sans titre rouge (1999). Elle a publié plus de cinquante articles sur la danse et le corps à travers le monde, en plus d’avoir dirigé les ouvrages Abécédaire du corps dansant et Territoires en mouvance. Mme Martin a bénéficié du soutien financier des grands organismes subventionnaires en création et en recherche du Canada (CALQ, CAC, FRQSC, CRSH, FCI).

Détenteur d’une maîtrise portant sur le rapport entre la musique contemporaine et le son au cinéma, Bruno Pucella possède vingt ans d’expérience en conception sonore et prise de son. En 2020, il remporte l’Iris du meilleur son dans la catégorie documentaire pour le film L’écho d’Istanbul de Giulia Frati dont il a également signé la musique originale. Si le cinéma reste son principal espace de création, il a aussi collaboré avec des créateurs issus des arts de la scène, des arts médiatiques ainsi que de la réalité virtuelle. En parallèle, il a scénarisé et réalisé un documentaire (Gospel According to Vivienne, 2011) ainsi que trois courts-métrages dont le dernier, Davaï, a été présenté dans une douzaine de festivals internationaux.

Alfonso Santarpia est psychologue-psychothérapeute, professeur adjoint au département de psychologie (cheminement psychologie clinique adulte) à l’Université de Sherbrooke. Ses recherches s’inscrivent dans une approche d’orientation humaniste/existentielle et se développent en quatre axes : Les effets thérapeutiques de la parole (les métaphores du corps du psychothérapeute) sur l’expérience corporelle du client. Les effets thérapeutiques des pratiques artistiques (Musique, Danse, Poésie, Clown thérapie) sur différents types de populations (spectateurs, personnes en deuil, en soins palliatifs). Les effets thérapeutiques et narratifs des pratiques religieuses/spirituelles dans des états de conscience ordinaire ou modifiée (états de transe, élargissement/expansion de la conscience, awe). La présence corporelle, les effets de présence (des psychothérapeutes, patients, médiateurs) dans des contextes de psychothérapie (ou de soin) avec une attention spécifique aux psychothérapies à médiation corporelle.

Armando Menicacci obtient une maîtrise en musicologie à l’Université de Rome et un doctorat en danse et technologies numériques à l’Université Paris 8, où il a fondé et dirigé le laboratoire Médiadanse entre 1999 à 2009. Entre 2009 et 2014, il est professeur d’art contemporain à l’École Media Art de Chalon-sur-Saône. Il a publié entre autres le livre La Scena Digitale avec Emanuele Quinz ainsi que de nombreux articles en musique, danse, théâtre, robotique, arts plastiques et psychologie. Professeur à l’UQAM entre 2015 et 2019, il est membre collaborateur d’Hexagram et cofondateur du LAVI, laboratoire dédié à la recherche-création interdisciplinaire croisant arts, sciences et santé. Parallèlement, il réalise des créations en arts numériques présentées en Europe, Afrique, Amérique du Nord et du Sud. En 2020 il a cofondé avec Nicolas Berzi SIT Scènes Interactives Technologiques, laboratoire dédié au virage numérique des arts de la scène.

Partenaires de présentation: Hexagram et LAVI (Laboratoire Arts Vivants et Interdisciplinarité)


DOCUMENTATION

Crédits photos


1 – Kalos, Eidos, Skopeïn
Sur la photo : Angélique Poulin (interprète-créatrice)
Crédits photo : Andrée Martin

2 – Kalos, Eidos, Skopeïn
Sur la photo : Ariane-Dubé-Lavigne (interprète-créatrice)
Crédits photo : Andrée Martin

3 – Kalos, Eidos, Skopeïn
Sur la photo : Ariane-Dubé-Lavigne et Élisabeth-Anne Dorléans (interprètes-créatrices)
Crédits photo : Andrée Martin




4- L-Libération
Sur la photo : Alice Bourgasser, Élisabeth-Anne Dorléans, Ariane-Dubé-Lavigne, Luiza Monteiro e Souza, Angélique Poulin
(interprètes-créatrices)
Crédits photo : Andrée Martin

5- L-Libération
Sur la photo : Alice Bourgasser, Élisabeth-Anne Dorléans (interprètes-créatrices)
Crédits photo : Andrée Martin

6- L-Libération
Sur la photo : Alice Bourgasser, Élisabeth-Anne Dorléans, Ariane-Dubé-Lavigne (interprètes-créatrices)
Crédits photo : Andrée Martin

Cette publication est également disponible en : English (Anglais)